Les retraités qui touchent ces revenus complémentaires pourraient voir leur pension baisser - ils sont ciblés par la Cour des comptes
Dans un rapport récent, la Cour des comptes dénonce les abus d'un dispositif qui permet à plusieurs centaines de milliers de retraités de compléter leurs revenus. Ses règles pourraient changer.
Le montant moyen de la retraite en France tourne autour de 1500 € par mois. Et de très nombreux retraités perçoivent une pension plus faible, notamment les salariés qui n'ont pas eu une carrière professionnelle complète. Soit par choix personnel, soit en raison de certains accidents de la vie. Ou encore les anciens commerçants ou artisans, dont les systèmes de retraite étaient jadis moins performants.
C'est pour cette raison que de nombreux retraités sont obligés de compléter leur pension en continuant à exercer une activité rémunérée. Une récente étude de l'Agirc-Arrco avait passé au crible cette catégorie de retraités. En 2022, environ 381 000 assurés du régime Agirc-Arrco cumulaient un emploi salarié et une pension de retraite. Ces "cumulants" représentaient 3,1 % de l'ensemble des retraités de droit direct de ce régime. Une proportion qui est amenée à augmenter dans les années à venir.
Dans un rapport diffusé il y a quelques semaines, la Cour des comptes souligne le risque de dérive avec environ 710 000 personnes, toutes catégories confondues, qui cumulent emploi et retraite.
Les magistrats de la Rue Cambon dénoncent des "effets d'aubaine" : ce ne sont plus seulement des retraités modestes qui cherchent à arrondir leurs fins de mois, mais aussi des cadres très bien lotis ou des professionnels libéraux, notamment des médecins, qui y trouvent un moyen efficace d'augmenter significativement leurs revenus. On évoque ainsi des praticiens cumulant leur pension avec des revenus d'activité dépassant les 100 000 euros par an. Et ce n'est pas un cas isolé.
Le système, en outre, est jugé trop souple. La France serait même plus permissive que les pays comparables, selon le rapport. Le cumul peut être "intégral" si l'on remplit certaines conditions (notamment avoir droit à une retraite à taux plein), et dans ce cas, aucune limite de revenus n'est imposée. Pour les autres, un plafonnement existe, mais son application laisse à désirer : les contrôles sont rares, le suivi lacunaire, et les abus, potentiellement nombreux. La Cour fustige une mise en œuvre "insatisfaisante" et recommande de durcir et de simplifier les règles.
Reste à savoir si le gouvernement osera rogner sur un dispositif aussi populaire... Le durcissement des règles du cumul emploi-retraite s'inscrit en tous les cas comme une possibilité désormais offerte à l'exécutif dans le cadre de sa politique de réduction du déficit.